Sola gratia : la grâce seule ; le salut n’est pas le résultat de nos efforts ou de nos mérites mais s’obtient par la grâce seule. « Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (Éphésiens 2:8)
Qu’est-ce que la grâce divine ? Beaucoup de définitions pourraient être données, selon les différents aspects qu’elle englobe. Pour nous limiter à une définition simple : la grâce est une faveur imméritée que Dieu accorde gratuitement au pécheur selon sa libre et souveraine volonté.
Avec ce 2ème sola, les réformateurs s’opposaient à la doctrine catholique qui affirme que l’homme doit coopérer à sa justification devant Dieu[1].
Ainsi, c’est dans sa grâce que Dieu déclare juste le pécheur. C’est l’enseignement clair des Saintes Écritures. Romains 4.5-8 : « Et si quelqu’un n’accomplit pas d’œuvre mais place sa confiance en Dieu qui déclare justes les pécheurs, Dieu le déclare juste en portant sa foi à son crédit. David exprime aussi de la même manière le bonheur de l’homme que Dieu déclare juste sans qu’il ait produit d’œuvres pour le mériter : Heureux ceux dont les fautes ont été pardonnées et dont les péchés ont été effacés. Heureux l’homme au compte de qui le Seigneur ne porte pas le péché. »
Laissons ici la parole à Charles Spurgeon, pasteur, prédicateur et écrivain anglais du 19ème siècle[2] :
« Le Seigneur Jésus n’est pas venu dans ce monde pour chercher la bonté et la justice parmi les hommes. Mais pour les leur apporter et en faire don à ceux d’entre eux qui ne s’estiment ni bons ni justes. Il vient vers nous, non parce que nous sommes justes, mais pour nous rendre tels, car il a le pouvoir de déclarer justes les pécheurs. Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver des pécheurs[3]. Le salut de Dieu ne concerne que ceux qui en sont indignes, qui n’ont rien fait pour le mériter. Vous, homme juste dont la justice est basée sur vos bonnes œuvres, vous êtes soit trompeur, soit trompé, car l’Écriture qui est infaillible déclare « Il n’y a pas de justes, pas même un seul » (Romains 3.10). Si vous vous croyez juste, l’Évangile n’est pas pour vous ! En refusant d’admettre votre péché, vous empêchez le Dieu tout puissant d’exercer son pouvoir de pardonner. La grâce n’est que pour les coupables. Le pardon divin n’est que pour les pécheurs.
C’est parce que Dieu est un Dieu de grâce que les pécheurs peuvent être pardonnés, transformés, purifiés et sauvés. Ce n’est pas parce qu’il y a, ou qu’il n’y aura jamais quelque chose de bon en eux qu’ils sont sauvés, mais c’est à cause de l’amour sans bornes, de la bonté, de la compassion, de la miséricorde et de la grâce infinies de Dieu. »
Cette grande vérité du salut par la grâce seule est, depuis ces dernières décennies, battue en brèche dans le monde évangélique. La proclamation d’un évangile humaniste, centré sur l’homme, a conduit progressivement les églises à affirmer la capacité de l’homme à « produire son salut ».
Déjà en 1997[4], Frank Horton, ancien directeur de l’Institut Biblique Emmaüs en Suisse, dénonçait cette confiance injustifiée dans la capacité de l’homme comme le résultat de la nature humaine déchue. « Cette fausse confiance, » écrivait-il, « remplit maintenant le monde évangélique – à partir de l’évangile de l’estime de soi jusqu’à l’évangile de la santé et de la richesse; à partir de ceux qui ont transformé l’Évangile en un produit à vendre et les pécheurs en des consommateurs qui désirent acheter, jusqu’à d’autres qui considèrent que la foi chrétienne est vraie parce qu’elle est efficace. Tous “ces dérapages” réduisent au silence la doctrine de la justification, quels que soient les engagements officiels de nos églises. La grâce de Dieu en Christ est non seulement nécessaire, mais reste la seule cause efficace du salut. Nous confessons que les êtres humains naissent morts sur le plan spirituel et sont incapables de collaborer avec la grâce qui régénère. »
La Déclaration de Cambridge, signée par 120 pasteurs et théologiens évangéliques en avril 1996 déclare :
- Nous réaffirmons que par le salut nous sommes délivrés de la colère de Dieu, et cela par sa grâce seule. C’est l’œuvre surnaturelle du Saint-Esprit que de nous conduire au Christ en nous libérant de notre esclavage au péché et en nous ressuscitant de la mort spirituelle à la vie spirituelle.
- Nous déclarons que le salut n’est en aucun sens une ouvre humaine. Les méthodes, techniques et stratégies humaines ne peuvent, par elles-mêmes, accomplir cette transformation. La foi ne peut être produite par notre nature humaine non-régénérée.